Cette année nous nous installons sur la moraine d'Argentière.
Depuis des années la mairie accepte que les campeurs s'installent en
sauvage sur la moraine, dans la forêt. Cela
ne durera pas, un groupe d'anglais peu précotioneux laissèrent
tellement de détritus que la camping sauvage fut interdit sur la commune
d'Argentière. Ce fut l'aiguillon qui nous obligea à chercher un
nouveau campement et nous permis de découvrir ce qui devint notre plateau
pour plus de dix années. Il
n'est pas très grand mais bordé d'un ruisseau, d'un bois pour
nous isoler, il est suffisamment plat pour nous permettre d'installer deux voir
trois tentes tout en conservant un coin pour le feu. Le grand luxe en terme de camping sauvage, interdit
dans la vallée, mais nous avons contacté la propriétaire à Neuilly,
ce qui nous vaudra la tranquillité de la police municipale.
La
saison démarre par un beau but à l'aiguille du plan. La mémoire
me fait défaut, je en sais plus pourquoi nous nous somme plantés.
Ah oui, voilà ; mauvaise nuit, Jean Marie est malade. Nous, Roger, Jean
Marie et moi, avions choisit de faire la première partie rocheuse l'après
midi puis de bivouaquer afin de partir au matin dans la dernière partie
glacière.
Nous passons la rimaye avant d'aborder le rocher. Grosse frayeur, le temps de
tourner la tête, Roger disparaît dans une crevasse entre le rocher
et le glacier, pas de mal, mais une bonne leçon pour notre confiance
peut être trop permissive.
Est-ce
le résultat d'un mauvais bivouac, d'un départ tardif, toujours
est-il que le lendemain, nous avons rebroussez chemin et rejoint la vallée.
A moins que ce soit un brin de sagesse. Un but est un but, il doit y avoir marque
négative attachée, car nous n'avons jamais retenté cette
face nord.
Quelques jours plus tard nous nous décidons pour la face nord des courtes.
Nous optons pour la formule classique et civilisée de la nuit en refuge.
Pas de frivolité, et le refuge d'Argentière est magnifiquement
placé face à l'Aiguille Verte, les Droites, les Courtes, le Triolet.
Jean Marie se lêve le lendemain malade, il ne sera pas des nôtres. Il nous rejoindra au col en passant par le couloir nord est. Nous ne sommes pas les premiers, mais nous rejoignons rapidement les premières cordées au niveau des premières difficultés. un passage raide obligatoire où la glace s'avère peu épaisse. Les cordées sont donc ainsi en attente que chacune gravisse le ressaut. Une attente qui durera 45 minutes. Päs de photos, le soleil nous rejoindra plus tard dans le milieu de la pente.
C'est à nous, nous avons choisit aussi de nous encorder. Roger passe
le premier puis me fait venir. Un éclair jaillt sous la glace, Mon piolet
rébondit sur le rocher. Prudence, taper moins fort bien choisir l'emplacement
des pieds.
Le reste de la pente est sain, nous progressons corde tendue. Nous nous faisons doubler par une cordée d'aspirants guide, très en forme.
Le soleil nous réchauffe et donne à cette face un visage plus
souriant.
Le sommet au petit matin, est ballayé par le vent et nous rappelle que
nous sommes bien en montagne. Nous n'y resterons que le temps de la photo et
de la jouissance du paysage. Nous retrouvons Jean Marie qui s'est donc décidé
à nous rejoindre et descendons par le glacier de Talèfre.
(c) 1985 Texte, Photos Pierre Léonard