Ce parcours qui démarre du refuge Albert Premier, qui reste dans mes souvenirs, comme une usine fort peu sympathique pour les "Hors sacs" nécessite une approche qui permet d'évoluer dans des remous moutonneux du glacier très élégants. L'ascension reste simple offrant peu de difficultés, si ce n'est une partie glacée avant le sommet, qui n'arrêtera aucun habitué des bossons, enfin, du temps où il existait encore... La descente se fait coté Argentière et commence dans un cirque orienté Est et subit une légère fonte en matinée puis une reglaciation qui transforme le terrain en un passage très délicat. Mon ami de collège Guillaume, qui revenait du couloir en Y, y trouvera la mort, soit par décompensation, soit par manque de technique sur ce type de terrain. Ce passage est noté dans les guides Vallot comme étant très dangeureux, ce qui ne m'a jamais étonné chaque fois que j'ai du l'arpenter.
Le départ est situé assez loin au sud du massif. L'ascension commence par une montée au refuge des conscrits, une première partie de moyenne montage exposée plein sud et harassante avec nos sacs pleins pour trois jours. La grande question qui nous a mobilisé beaucoup de temps avant le départ, conernait le port de la bouteille de Champagne Billecart Salmon millésimée fort courante dans la vallée. Mais il faut reconnaître que nous avons failli à cette action. Nos sacs à dos étaient déjà bien alourdis par la pelle et les scies nécessaires à la construction de notre igloo. La météo nous a vite déconfit avec une bonne pluie précédant le refuge. Celui déjà bien rempli par les alpinistes des dômes du Miage, nous est apparue rempli d'une épaisse moiteur allant jusqu'à troubler notre vision de l'espace disponible.
Grosse ambiance de séchage après l'orage. Le vieux refuge non gardé était encore debout. Deux jeunes préparaient leur affaires pour partir à minuit, Ils n'avaient pas encore la forme suffisante et l'habitude de l'alpinisme pour savoir, que la neige ne comme à geler qu'à partir d'une heure du matin.
Construction de notre igloo au sommet du Mont Blanc. Je dis notre igloo, car pour la première fois j'ai pu identifier d'autre restes d'igloo. Cette construction nous a demandé cinq heures de travail et nous a épuisé. Mais il était solide, et bien nous en a pris, car au réveil le Mont Blanc était déjà très peuplé et nous avons surpris un Suédois debout sur notre igloo avec ses crampons au pieds. Il a pris un sévère remontage de bretelles, pour son inconscience et le danger qu'il nous a fait courir par sa bétise, alors que nous avions par prudence laissé des affaires à l'extérieur pour signifier l'occupation du lieu.